Portrait Anna
Anna Sushchenko : « La nuit, je pleure »
Rencontre avec Anna Sushchenko, 39 ans, qui a fui à Zaporijia à l’est de Ukraine. Elle nous raconte son histoire de réfugiée ukrainienne engagée.
« La nuit je pleure », raconte Anna Sushchenko en livrant son témoignage devant des lycéens de Grandmont la semaine dernière. Cette Ukrainienne de 39 ans, mère de 2 enfants, Nikita 12 ans et Elizabeth 5 ans, a fui la guerre, laissant son mari Serhii et son beau fils Danil 19 ans, retenus par la Défense territoriale de son pays. « Le matin du 24 février, nous nous sommes tous réveillés sous les bombes », se souvient-elle. « Et là que faire ? Qu’est-ce qu’on fait quand des explosions retentissent sous nos fenêtres ? », interroge-t-elle.
Cette ancienne top-model, grande blonde élancée aux yeux bleus, dirigeait une agence de mannequinat avant le déclenchement du conflit. Très vite, cette maman bilingue, qui maitrise bien l’anglais, s’engage dans l’accueil des réfugiés et dans l’aide aux soldats, notamment en confectionnant des cagoules, des foulards, des sous-vêtements chauds ou encore des gilets pare-balles… Chaque jour, de nouvelles tâches lui étaient proposées.
« Nous avons aussi participé à la distribution de nourriture pour les soldats. Tout le pays est mobilisé. Les cuisiniers travaillent bénévolement. On veut tous sauver notre pays. Le plus important c’est la liberté », clame Anna dans de grands gestes expressifs.
Elle est venue en France pour témoigner de « cette horrible agression ». Apparemment cool et sereine comme elle le dit, elle ne cache pas ses émotions : « Tous les jours j’essaie de rester calme, mais des images de guerre me reviennent tout le temps. La nuit je pleure, je fais des cauchemars. Et le jour aussi parfois »,
Elle est aujourd’hui volontaire et engagée dans la cause humanitaire de l’Ukraine. En étant membre de l’association Touraine-Ukraine, elle continue d’apporter un soutien permanent aux réfugiés ainsi qu’aux soldats Ukrainiens, en confectionnant des cagoules, des vêtements, et des gilets pare-balles.
Messad Sahel et Ève Desvaux.